Dans un pays des temps anciens, si lointain que même son nom fût oublié, a peut-être vécu cet homme. Il a certainement existé, et heureux comme un roi, car qui découvre un Floutt peut seul comprendre ce que sont la Chance et le Bonheur des cœurs. Ces petits animaux camouflés mènent une vie courte, animés d'un dessein concis: une seule progéniture et un porteur de joie à trouver. On pense que les Floutts préféraient un homme à un autre d'après son caractère. Mais personne ne connut jamais leurs critères et nombre d'hommes tentèrent de perçer ce mystère, en vain. Aucun d'entre eux ne découvrit de Floutt. Curieuse petite bestiole, fragile et puissante par son don, proie de tout prédateur.
"Mes chers compagnons de l'Ordre, en ces temps prospères, après notre dur labeur dans notre marche pour l'éveil de structures pluridiciplinaires et de taxes estimables à l'homme, je crains d'avoir à vous solliciter de nouveau et, j'en conviens, en des délais rapides que votre bourse RFPE (Réunion des Fonctions Primordiales de l'Empire) se verra compensée. Chers compagnons de l'Ordre, à ce jour nous comptont vingt-trois déserteurs au sein de la mission de contrôle des déchets organiques de la Cité de Cira. En outre, d'après certains témoins, ils se seraient cachés dans les grandes plaines de l'empire qui atteignent les eaux. Ils y mèneraient, d'après rumeures, des cultures clandestines de diverses plantes à but méditatif ou euphorique. Si, chers compagnons de l'Ordre, ils faisaient des émules, ils représenteraient une menace pour l'Empire entier, pour nous tous. Je vous incite donc à une tolérance zéro pour ces félons qui, signe de leur aberration, se sont crus capables de nous défier et d'échapper au Labeur Commun du Peuple [...]" Détail du Discourt de l'Empereur Ysocras XXVI aux magistrats de l'ordre, an 260 aprés le couronnement impérial.
L'Homme, du haut des nues, atterrit sur le petit toit de chaume qui lui parut être un nid d'oiseaux. Alertée par la bourrasque, une femme ouvrit la porte de la chaumière et il s'y engouffra, l'embrassant de tout son corps. La dame, qui n'avait jamais rencontré de vent, fût si surprise qu'elle tomba à genoux, la porte béante sur l'ailleurs. "Madame, le vent dans les arbres transmet au monde la beauté et la folie de la nature, les songes de l'avant et de l'après, ainsi que tout les messages qui vous voulez bien lui offrir. Il est le voyageur universel qui chante les paysages du monde, et les aléas des cœurs battant à l'unisson. Il caresse le visage des enfants, embrasse les vagues, et fait danser les grandes plaines. Il vous entend et vous souffle la vie, le temps, l'équilibre du monde et la gratitude que l'on offre à l'insouciance. Il est l'espoir qui revient. Allons, madame, je fait tourner les têtes et la chance avec. A vrai dire, je suis libre." Il était déja loin, là-haut, dans les nuages, mais il savait que la femme trouverait les petites pousses qu'avait semé l'Homme Mistral et alors elle comprendrait.
"[...] Et de leurs vœux découlera toute vie, tout souffle et tout destin. Elles seront celles qui, par le suprême pouvoir, sauront la complexité née d'un mouvement, d'un murmure, et guideront ainsi le chemin de toute chose vers la mort qui lui est due. Parce que d'elles provient la première mère, elles aimeront le monde et le libéreront de toute contrainte de choix, parce que d'elles découle le temps [...]" Citation tirée de la Charte Première des Terres Nouvelles en leurs Délégations, année d'outre temps.
L'air frais et immobile du matin témoignait des grains d'automne successifs que la nuit avait infligée à la ville. Alors que Salden avançait sur les quais, les hauts vaisseaux du port se balottaient paisiblement, fatigués par la déroute qu'ils avaient été contraints d'endurrer. Les marins s'activaient sur les ponts, tentant de récupérer les instruments échoués sur les planches, de ranger certains cordages noués par les vents, ou encore de recoudre quelques bribes de voile que la tempête avait déchiré.
Jamais sur le port à la réputation oisive l'on avait vu une telle discorde et les capitaines présents sur Cap de Krick pouvait être fiers des bons voiliers qu'ils possédaient. Un seul se vit couler par la malchance; Son dernier mat en état dépassait des flots et son pavillon pirate flottait amèrement aux vents tel un Adieu. La foudre, semblait-il.
Mais Salden n'était pas là pour se lamenter des misères des autres. Malgré son jeune âge, son ambition était telle que n'importe quel raffiot sale et puant aurait pût se venter de ses capacités de pirate; un bon marin, une bonne lame, et un bon commerçant. Et qui, par dessus le marché, connaissait la langue d'Oplëtz.
-"Krraaaaaa me vole pas mes dires, pas mes savoir krraaaa de marrrin..."
-"Pardon Ara, seulement il est vrai que je te possède par héritage et, en un sens, tu est ma voix auprès des Plësz."
-"Krraaaaaaaaa si je veux, moi."
Une moue de nerf se peignit sur le visage du jeune homme.
-"Au nom des cieux, Ara, nous ne somme qu'un; tu ne peux démordre les souhaits de Grand'Pa. Et les tiens sont si rare, vous n'étiez plus que vingt huit perroquets dans ton genre aux derniers dires, alors ne me fait pas croire qu'à la première occasion, tu va fermer ton bec! tu connais ton unicité et je connais ta sale prétention. On me la fait pas."
-"Nkrraa... Tais toi cud'cervellll! voici notrre rrrendez-vous!"
Effectivement, au bout du quai se tenait du haut de ses deux mètres, le capitaine Hooly's en train de négocier quelques barilles de rhum avec un commerçant borgne et chétif que la vie n'avait pas gaté.
Hooly's, l'homme à qui Salden avait remis son précieux destin.
Avant toute chose, sachez que derrière chaque fait existent quelques êtres doués de fonctions primordiales au chemin du monde.Il est, par exemple, des artistes pinceaux; des pinceaux souvenirs. Un jour où la Nature ne pût plus supporter la lourde tâche qu'est l'Histoire, elle conçut ces êtres-ci, créateurs de mémoires.
Dans ce monde parallèle au notre, celui que l'on pourrait appeler "envers du décor" ou "services extraréels", chacun de ces peintres atypiques est chargé d'oeuvrer au sein d'un esprit afin de construire un être dans son intégralité en lui exposant des images souvenirs, d'éguiser ses aspirations pour chaque expérience vécue.
Le fait est que chaque artiste pinceau possède aussi son caractère propre; d'où les vivicitudes et les mutations de la mémoire, les bons et mauvais a priori, les personnalités pauvres ou riches, bref, d'où notre monde tel qu'il est. Parce que, comme tout artiste qui se respecte, sa subjectivité est essencielle et son art est unique, cela va de soit.
En outre, l'amnésie naît du vacillement de l'artiste pinceau dans la folie suite à une expérience trop complexe vécue par l'être qu'il peint. Alors, on relègue sa fonction à un nouvel artiste qui reprend l'ouvrage au stade qui lui convient le mieux.
En fait, c'est un peu comme si la mémoire était un art façonné par les aléas de la Vie.
follet adj.m. (de fol). - 1. Esprit follet, lutin familier, dans les croyances populaires (on dit aussi un follet).
(Larousse 2000)
Alors que la machine s'infiltre chaque instant un peu plus dans l'esprit humain, que Ciel et Terre s'assombrissent en répondant au dénie croissant des hommes d'être Humains, les lymbes de l'oubli lêchent avec frénésie ce qu'il reste de Vrai. L'absurde prolifération de l'urbain aux couleurs mesquines gronde, les technologies fructifient en boucle l'inutile, créant la peur et le besoin de futile.
On se réconforte aujourd'hui au sein brûlant de notre enfant Chao.
Nous sommes les soul soldiers, nous sommes les conscients de la simple pureté de la Vie, les frères de la Nature qui tentent sans relaches de semer les dernières graines de beauté et d'espoir. Qui en voit les bourgeons? Qui croit encore en notre Terre? Qui veut y vivre vraiment? Où êtes vous, hommes, fils de Gaya? Qui êtes vous? En vous croyant Immortels, vous voici Nuisibles éphemères.
Alors que supure la plaie de la perdition, les hommes ont censuré eux même les points essentiels de la Vie. Pas de cicatrice, juste du sang de Terre débité en monnaie.
Personne ô! personne ne pleure notre mort prochaine. Les anges gardiens ont déchu les hommes trop aveuglés par le néant.
"...Alors que les flots sereins de nos radieuses chimères nous bercent vers un avenir aux possibles infinis, quelques malicieux courants nous portent parfois vers les contrées oubliées du Bonheur immobile. A l'horizon radieux des rêves éternels plane comme l'alchimie du Vrai, de l'Amour et du Beau; cet archipel des profonds sentiments est un Idylle Soyeux que l'Oublie un jour a voulu étouffer par folle jalousie.
[...]
Mais nous voici toujours Libre, d'une Pureté ardemment désirée. Au confin des mémoires nous resterons comme l'avenir du Meilleur, du Bonheur. Au centre périeux du coeur de la Vie, nous siégeons et vous guidons, sereins, vers les saines passions et l'infini des sens..."
Texte mystérieux retrouvée vers 1495 en surface des Océans, au large du Brésil.
Le Peuple d'Oplëtz, aux demeurants nommés les Plësz, est une civilisation qui, depuis la nuit des temps cohabitent avec plusieurs animaux mystérieux un idylle leur portant toute denrée, toute richesse. Et en un équilibre si bien tenu que leur sagesse s'en ai accrue, tant et si bien que l'avidité, la concurrence et les quelconques hiérarchies se sont vu completement dissouts et oublier.
Les humains ont été obligée de croire qu'ici était la demeure d'un Dieu et que la Magie fut créatrice de tant de Bien. Car cet equilibre est infaillible; Malgrès la rudesse des mots, la mort qui est propre à ce monde tant sa parade est singulière, ne pardonne pas aux fauteurs; ils meurent et pousse une fleur. L'Ardante, une futur chasseuse et protectrice des Lieux. C'est grace à ces Ames que les commun humain n'ont put rien assouvir, corrompre ou souiller. Terre d'espoir au coeur de la Vie.